IDÉES

faire « fair » :
une nouvelle approche des plateformes d’intermédiation
Permettre à plusieurs millions de citoyens d'acquérir les compétences de base suppose que des milliers de personnes qualifiées agissent de manière coordonnée pour relever pareil défi.
#APTIC, est, pour l'heure, le seul modèle qui permet simultanément d'agir pour les publics les plus éloignés et de rémunérer le service rendu. Mais pas seulement.
C'est aussi un modèle qui embarque de nombreuses fonctions d'intermédiations, chacune contribuant à créer - de facto - une chaîne de valeur pour les services de médiation numérique. Du local au global. Du payeur au bénéficiaire.
Et quand on déploie une solution qui suppose de "faire faire" des millions de services, on a intérêt à s'interroger sur les modalités de révélation et de répartitions des valeurs produites.
Ou comment la culture de l'économie sociale et solidaire peut permettre de réinventer un modèle plus loyal que les formes habituelles des startups et autres émanations de l'économie numérique.
Ambitieux ? Clairement. Tenable ? à nous d'en faire la preuve.
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13 millions. C’est le nombre de citoyens en grande fragilité du fait du numérique. 65 millions. C’est le nombre de citoyens, qui un jour ou l’autre, auront besoin d’un accompagnement. Parce que personne n’est capable de prédire qui seront les fragiles de demain.

Ce que l’école républicaine n’est pas encore totalement parvenu à faire en plus d’un siècle (7 % de la population adulte âgée de 18 à 65 ans ayant été scolarisée en France est en situation d’illettrisme, soit 2 500 000 personnes en métropole), doit être résolu en un temps record pour ce qui concerne l’illectronisme. Parce que tant de droits et de rapports sociaux en dépendent. Sacré défi !

On peut baisser les bras. Et se dire que c’est un défi impossible. On peut.
On peut considérer que c’est le problème des autres : l’État, les collectivités, les organisations, les entreprises et que c’est à eux de s’organiser. On peut.

Ou on peut se retrousser les manches et s’essayer à trouver des solutions. Comme l’a souvent fait l’économie sociale et solidaire.

Choisir comment fair  :

Face à l’envergure du chantier, on doit choisir comment s’y lancer:

  • On peut le faire à la manière « artisanale »: chacun, là où il est, fait de son mieux. Parfois, hélas, jusqu’à épuisement des énergies mobilisées.
  • On peut aussi tenter de déployer des modèles pensés pour être massifiables sur la méthode, fondés sur le local dans la mise en oeuvre : c’est le choix que nous avons fait avec #APTIC.

Nota bene: Depuis peu, il existe également une nouvelle entrée : celle des GAFAM. Ces beaux oligopoles mesurent progressivement que le décrochage d’une telle partie de la population peut commencer à poser de vrais problèmes pour leurs modèles de croissance perpétuelle. Et puis cela peut permettre de se racheter une respectabilité à peu de frais. Et puis ça permet d’imposer ses outils et ses codes sous couvert de générosité. Et c’est bien moins cher que de s’acquitter de sa fiscalité. Bref, c’est un modèle. À faible coût immédiat. Mais à asservissement garanti.

 

Le rôle d’intermédiation: fair autrement

#APTIC s’appuie sur des modèles contemporains issus de l’économie numérique et de l’économie collaborative. Mais nous les amenons dans notre monde, celui de la coopération.
#APTIC est une plateforme d’intermédiations. Et de multiples façons. Notre modèle est bien de faire travailler la multitude: les médiateurs numériques pour l’accompagnement, les acteurs territoriaux pour certains services complémentaires. Et pas seulement.

Nous assurons plusieurs niveaux d’intermédiations (liste non exhaustive):

  • l’intermédiation entre les commanditaires et les bénéficiaires: c’est le rôle du chèque #APTIC, le pass qui rapproche les citoyens du numérique et des mécanismes de distributions ciblées qui sont rendus possibles par cet outil.
  • l’intermédiation entre les commanditaires et les fournisseurs locaux de services pour le paiement des services rendus : c’est le rôle de la valeur du chèque #APTIC et des mécanismes de contrepaiements des services rendus.
  • l’intermédiation entre les commanditaires et les fournisseurs locaux de services de médiation numérique pour organiser l’offre de service: c’est l’objet du référentiel national #APTIC des services de médiation numérique.
  • l’intermédiation entre les commanditaires et les fournisseurs locaux de services de médiation numérique pour qualifier la qualité des services rendus: c’est notamment l’objet de la démarche « devenir #APTIC ».
  • l’intermédiation entre les commanditaires et les prestataires de services d’ingénierie territoriale: c’est notamment le cas pour la réalisation d’une partie des services complémentaires.

Oui mais voilà. Là où les plateformes d’intermédiation captent les richesses, les redistribuent (très) peu et organisent (beaucoup) les dépendances, #APTIC choisir de faire « fair », et trace ainsi une nouvelle approche éthique de l’intermédiation: « fair » pour juste, équitable, loyal, correct, équitable, honnête, correct, convenable, justifié, mérité.
Un sacré pari. Qui suppose de sérieuses ingénieries pour ne pas être une simple incantation.

 

Mieux vaut fair… envie que pitié:

Notre modèle repose notamment sur la capacité à mobiliser des payeurs pour injecter des financements dans le dispositif.

Nous revendiquons de faire émerger une chaîne de valeurs. Une chaîne de valeurs éthiques certes (c’est le sens de la charte #APTIC). Mais aussi de valeurs économiques.
Nous assumons de faire émerger une attractivité pour ce secteur. Nous assumons d’agir pour augmenter le consentement à payer des commanditaires en mettant en évidence les intérêts des acteurs publics comme privés à investir dans la montée en compétence des citoyens les plus éloignés du numérique. Nous revendiquons aussi d’élargir le périmètre des commanditaires.

#APTIC apporte ainsi une stratégie de marque qui permet d’unifier une constellation d’acteurs très différents en une armée de hussards prêts à agir pour un numérique inclusif grâce à une offre partagée nationale.  (grâce au référentiel national #APTIC de services de médiation numérique).

Pour autant cette stratégie de marque ne gomme pas l’identité des acteurs locaux fournisseurs de services de médiation numérique. Elle est à leur service.

Cette stratégie de marque est la condition pour obtenir le consentement à payer d’un grand nombre de commanditaires concernés.

 

Pourquoi mobiliser des moyens financiers ? Pour pouvoir fair !

Pour pouvoir rémunérer équitablement chacun des « agissants »:

Nous considérons qu’il est ni souhaitable, ni soutenable, ni loyal, (et juridiquement pas tenable), de faire reposer pareil défi sur des bénévoles (même s’il faut les saluer pour leur engagement), ni sur des dispositifs provisoires de financements d’emplois masqués et/ou low-cost (services civiques, aides à l’emploi, auto-entreprenariat, etc…). Cela ne veut pas dire que les personnes engagées sous ces statuts ne peuvent être associées et parties prenantes de cet immense défi.
Mais pour autant il serait bien déloyal (unfair) que la plus ambitieuse transformation sociale de ces dernières décennies s’appuie sur la forme la plus cynique de non-rémunération ou de sous-rémunération du travail produit. Nous préférons à l’approche low-cost du crowdsourcing, l’approche ethic-cost de la juste rémunération des services rendus. Et cela demande de mobiliser des moyens financiers.

Pour assurer un service de qualité en tout point du territoire:

Trouver des cohortes de services civiques c’est plus simple en zone dense qu’en zone rurale. Cela suppose qu’on déploie équitablement les moyens financiers, et notamment vers les territoires cumulant les fragilités. Or produire des services en territoire fragile constitue une structure de coûts plus importante qu’en zone dense. L’équilibre économique suppose donc d’être « fair-play » sous peine les écueils des « vortex métropolitains » qui aspirent les richesses. Et les énergies.

Pour garantir un service de qualité aux citoyens les plus fragiles:

Nous avons documenté dans un précédent article la question de la gratuité des services de médiation numérique.
Ce qui compte pour un usager c’est le reste à payer d’un service de qualité, plutôt que la gratuité d’un service qui risque de disparaître.
Ce qui compte pour une personne fragile, c’est la garantie que le service soit toujours présent quand il en aura besoin.

Être fair, c’est donc conjuguer un reste à payer le plus faible pour le service rendu avec un modèle soutenable pour l’acteur qui le délivre. C’est tout l’objet de #APTIC.

 

Redistribuer équitablement les richesses produites: si on osait le fair ?

Regardons précisément le mode de fonctionnement de #APTIC :

Pour les acteurs qualifiés #APTIC:

Lorsqu’on demande un tel pivot aux acteurs historiques, il vaut mieux jouer carte sur table. C’est plus acceptable. Et c’est plus équitable.

  1. La redistribution des valeurs:
    Un commanditaire paye chaque chèque #APTIC, 10€ (sa valeur faciale) + 4% HT (les frais contributifs amont), soit 10,40 HT €.
    L’acteur qualifié qui réalise le service de médiation numérique est contrepayé 10 € (sa valeur faciale) – 4% HT (les frais contributifs aval), soit 9,52 €.
    Pratiquement, #APTIC transfère donc 95,20% de la valeur faciale à celui qui exécute le service (soit 91,54 % des sommes injectées par le commanditaire). #APTIC est donc massivement redistributif.
  2. La redistribution rapide:
    Subvention acquise ne signifie pas argent sur le compte courant… : c’est l’un des principaux écueils des autres modalités de financement. Pour #APTIC, être fair, c’est aussi être vigilant. La trésorerie, pour les acteurs, c’est important. Ainsi avec #APTIC, dès validation des services rendus, le contrepaiement est effectué à chaque fin de mois.
  3. Un fonctionnement comparable à une AMAP de la médiation numérique:
    #APTIC fonctionne comme une AMAP, et vise, à ce titre, à maintenir les producteurs locaux de services de médiation numérique. Pour cela, #APTIC contribue à leur consolidation économique en apportant des flux financiers en contrepartie d’une montée en gamme de la qualité des services rendus. Notre objectif est de permettre à terme d’amener un flux financier médian de 20 000 euros par acteur qualifié. On appelle ça le ratio consolidateur.
  4. Un modèle qui permet de s’extraire du mouton à 5 pattes:
    #APTIC prévoit de qualifier des lieux. Mais aussi des personnes à condition qu’elles conventionnent avec un lieu. L’enjeu est de permettre d’aller vers un modèle de lieu qui agrège les compétences plutôt que d’attendre du médiateur qu’il soit en capacité de répondre tout seul à l’ensemble des besoins.
  5. Un modèle qui hybride les typologies d’usagers:
    Si on veut être fair, on doit éviter de récréer des ghettos sociaux du numérique. C’est pourquoi #APTIC promeut la diversité des bénéficiaires dans un même lieu, et pas seulement les personnes en grande difficulté. Et si c’était cela un vrai « tiers-lieux » ? Plus qu’une communauté, c’est une diversité qui doit être recherchée… c’est peut-être aussi cela fair société… se confronter à l’alterité.

Pour les prestataires de services d’ingénierie territoriale:

  1. #APTIC, un porteur d’affaire:
    #APTIC mobilise des acteurs sur les territoires pour rapprocher la production des territoires et conjuguer ainsi la proximité et le développement économique local. Plutôt que de se doter d’une armée de consultants centralisés, nous préférons consolider économiquement les acteurs intermédiaires compétents à l’endroit où ils sont: c’est le sens de notre proposition aux Hubs France Connectée.
  2. #APTIC, un modèle de rémunération des prestations simplifié :
    #APTIC, comme tout porteur d’affaire, conserve une marge sur chacune des prestations qui permet de rémunérer son activité. Cette marge est fixée chaque année par la gouvernance de la coopérative.

Pour les investisseurs :

Ils permettent à #APTIC de changer d’échelle:  se déployer nationalement demande des moyens ponctuels permettant de « lancer » la machine. Alors nous avons cherché comme rendre possible une levée de fonds éthiquement responsable et économiquement viable: il s’agit notamment de ne pas se condamner à l’hypercroissance, de sanctuariser le modèle de la SCIC.

Nous avons donc combiné trois modèles :

  1. chacun peut prendre part(s) : l’acquisition de parts sociales permet à chacun de devenir sociétaire, mais c’est également un moyen pour les investisseurs d’accompagner la montée en fonds propres de la SCIC #APTIC.
  2. investir à juste titre(s): principalement par le biais du titre participatif. Il s’agit dès lors de disposer d’un modèle qui prend en compte la durée. Et qui s’appuie sur un taux de rémunération sobre.
  3. s’impliquer à fond(s) : il s’agit de mobiliser l’épargne salariale des salariés qui souhaitent investir dans des projets éthiques et responsables.

Ces trois modèles permettent de combiner des véhicules financiers qui, combinés à de l’emprunt « sobre » permettent le déploiement national d’#APTIC, sans faire diverger le modèle de ses objectifs. Sobre et loyal.

Cela oblige à choisir aussi le type d’investisseurs. Mais on vous en dira plus très bientôt.

 

Éviter les positions dominantes : fair ensemble !

#APTIC aspire à structurer plusieurs standards. Mais pas pour en faire un monopole et une position dominante.

#APTIC est portée par une coopérative d’intérêt collectif:

Toutes les parties prenantes peuvent devenir sociétaires, s’impliquer dans la gouvernance et participer à l’ensemble des décisions.
Comme toute coopérative d’intérêt collectif, #APTIC réaffirme:

  • la primauté de l’homme sur le capital,
  • l’indivisibilité des réserves : patrimoine collectif et impartageable,
  • une finalité explicite au service de la collectivité : intérêt général et utilité sociale,
  • un ancrage territorial des entreprises

#APTIC est une SCIC SA à Conseil d’Administration: cela signifie que même dans ses instances d’administration, elle est pilotée dans un cadre collectif qui associent l’ensemble des parties prenantes.

Une articulation entre 
agilité entrepreneuriale et gouvernance coopérative: #APTIC a des objectifs d’impact social et des obligations économiques. Comme toute SCIC. Loin de l’AG permanente, #APTIC répond à des obligations de production. Ses priorités sont hiérarchisées et explicitées. Chaque année la coopérative documente en quoi elle a rempli ses finalités d’intérêt collectif.

Une production de standards contributive:

Toutes les productions de « standards » sont toujours réalisées en concertation avec les acteurs. C’est la cas par exemple pour le « référentiel national #APTIC des services de médiation numérique ».

#APTIC n’a pas le monopole de l’innovation:

C’est pourquoi #APTIC s’oriente vers un développement en mode « plateforme » : pour que d’autres acteurs puissent s’appuyer sur son format ouvert et APIfié pour développer de nouvelles fonctionnalités.

#APTIC et les modèles de revenus: 

Ils sont sobres et acceptables.
Ils permettent de rémunérer les équipes qui travaillent (et qui sont associées), de rembourser les investisseurs et les prêts durant la phase de déploiement national et tout le reste vient permettre de consolider et de développer les nouvelles fonctionnalités. C’est simple.

#APTIC c’est une solution. Mais qui ne répondra pas à toutes les questions:

Toutes les stratégies d’accompagnement ne peuvent pas se résumer à un parcours d’actes de médiation.
Être « fair » c’est aussi être lucide et conscient des limites de ce qui n’est qu’un outil. Ce qui nous empêche pas d’aller plus loin sur les principes et la méthode.

C’est pour cela que #APTIC embarque un mécanisme de contribution volontaire qui permet de flécher 1% des valeurs faciales vers le financement d’autres projets et d’autres outils (grâce au fonds de dotation Mutations). Car être »fair »  c’est aussi contribuer à l’émergence d’un écosystème, seule garantie d’éviter les hégémonies.

 

En conclusion : il faut battre le fair (tant qu’il est chaud)

#APTIC s’est lancé un double défi : celui de l’inclusion numérique. Et il est énorme.
Mais aussi celui d’une alternative à l’hypercroissance comme seul modèle de développement.
Nous avons besoin d’alliés. Parce que les défis sont de taille. Mais qu’ils méritent d’être tentés.
Ici et maintenant. C’est toujours mieux que le fair ailleurs… 😉

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